• Peurs enfantines

     

    Peurs enfantines, mais pas anodines

     
     
    Peurs enfantines, mais pas anodines

    Tous les enfants ont un jour peur du noir, des monstres, des orages ou du Père Noël. Les peurs enfantines sont des expériences qui font grandir, à condition d’être apprivoisées. Tranquillement mais sûrement, vous pouvez aider votre enfant à les surmonter.


     

     

    À chaque âge… sa peur

    Voici quelques peurs fréquentes selon l’âge de l’enfant :

    • 8 mois : angoisse de séparation (peur des étrangers, peur de l’abandon, etc.).
    • 1 an : peur des bruits (aspirateur, téléphone, mélangeur, etc.).
    Certains enfants sont naturellement plus craintifs que d’autres : ça fait partie de leur tempérament.
    • 18 mois : peur des monstres ou de la noirceur. Alors qu’avant, il dormait les lumières éteintes et la porte fermée, il demande dorénavant de garder la porte entrouverte. Il réalise que, seul dans le noir, il n’a plus ses repères et se sent en danger.
    • De 2 à 4 ans : peurs passagères (gros animaux surtout s’il n’y en a pas à la maison, orages, clowns, créatures imaginaires telles que sorcières, fantômes ou robots.) Elles sont parfois transmises par la réaction excessive des autres face à certaines situations.
    • De 5 à 12 ans : peurs spécifiques (insectes, voleurs et kidnappeurs, médecins et dentistes; peur du vide, des accidents). L’enfant peut aussi avoir peur des catastrophes naturelles ou de la guerre, après avoir vu des images d’actualités troublantes à la télévision. C’est aussi l’âge des premières peurs sociales (être rejeté à l’école, prendre la parole en public, etc.) qui se rapprochent de celles des adultes.

    Les attitudes gagnantes

    Apprendre à affronter ses craintes est une étape importante du développement de l’enfant. Petit à petit, au fil de ses expériences, l’enfant apprend à distinguer les situations inoffensives de celles qui sont réellement dangereuses. Cela peut grandement accroître sa confiance. Par conséquent, vous jouez un rôle essentiel en l’aidant doucement et progressivement à les combattre et à les vaincre. Votre attitude, en tant que parent, peut faire la différence. Voici quelques pistes pour vous guider :

    Laisser le temps à votre enfant d’apprivoiser ses peurs. S’il est bouleversé, réconfortez-le calmement en le tenant dans vos bras et rassurez-le en lui disant que tout ira bien.
    • Prendre au sérieux la peur de votre enfant, sans le ridiculiser ni le gronder. Même si elle est irraisonnée ou semble anodine, la peur est réelle. Vous n’avez pas avantage à la minimiser ni à trop réagir ou à surprotéger, car cela renforcerait la peur.
    • Aider votre enfant à apprivoiser sa peur, graduellement. Parler avec lui de sa peur, afin qu’il apprenne à y faire face, puis arrive tranquillement à la surmonter. Aller à son rythme plutôt que de le forcer à l’affronter.
    • Renforcer son courage. Lui rappeler des situations où il n’a pas peur ou d’autres où il a réussi à vaincre sa peur.
    • Décoder ses signaux de peur. Sans les nommer, votre enfant peut montrer qu’il a peur lorsqu’il se cache, qu’il ferme ses yeux, etc.
    • Favoriser l’expression de ses émotions pour qu’il apprenne à nommer ses peurs. Parler avec lui de ses peurs. Les mots ont le pouvoir d’affaiblir les émotions négatives et d’aider les jeunes enfants à les maîtriser.
    Les histoires qui font peur? On les garde!
    Nul besoin d’évacuer les méchants des histoires. Quand le héros triomphe sur le mal, c’est aussi le triomphe de votre enfant, qui s’est identifié à ce héros tout au long du récit et dont il a partagé les souffrances.
    • Faire le point sur vos propres peurs et réactions. Êtes-vous du style à courir devant une araignée ou une abeille? Si c’est le cas, vos paroles ne suffiront pas à convaincre votre enfant de ne pas avoir peur.
    • Confier vos propres peurs enfantines, en prenant soin d’en choisir une autre que la sienne : « Toi, tu as peur des chiens, mais moi, j’avais peur des chats! Pourtant, tu vois, les chats sont gentils, tout comme les chiens. »
    Lorsque vous sentez que votre enfant est capable d’affronter ses craintes, encouragez-le avec douceur, en le mettant petit à petit en contact avec ce qui le terrifie. Peu à peu, sa peur diminuera, et son sentiment de sécurité augmentera.
    • Bien choisir vos mots. Si, avant de vous rendre chez le médecin ou le dentiste, vous dites : « N’aies pas peur, ça ne fera pas mal! », vous venez de lui envoyer un message de danger. Préférer plutôt : « Tu verras, ce médecin est très doux et gentil. »
    • Utiliser les jeux, les dessins et les histoires. Si votre bébé a peur de se séparer de vous, faites le jeu du coucou! C’est un excellent moyen d’apprivoiser son angoisse. Dessiner, peindre ou modeler peut aider votre enfant à exprimer ses peurs. Si votre enfant a peur des chiens ou des fantômes, vous pourriez lui raconter des histoires sur un gentil chien ou un gentil fantôme!
    • S’interroger sur les raisons de ces peurs : un divorce, un déménagement, une recomposition familiale ou un souci en milieu de garde.

    Cinq peurs courantes et leur solution

    Qu’elles apparaissent spontanément, qu’elles soient liées à une mauvaise expérience ou soient transmises par un parent, les peurs ont parfois des solutions spécifiques.

    1- La peur des monstres

    Souvent liée à la peur de la noirceur, à celle d’être seul, ainsi qu’au développement de son imaginaire, la peur des monstres se résout en rassurant votre enfant et en le faisant parler de sa peur, pendant le jour ou avant le dodo.

    Quand vous réconfortez votre enfant lorsqu’il a peur, vous l’aidez à se sentir en sécurité. Ce sentiment lui donne le courage dont il a besoin pour finir par affronter et par surmonter ses peurs
    • Le rassurer, tout en lui disant que c’est le fruit de son imaginaire et que les monstres n’existent pas. Vous pouvez vérifier une fois sous le lit, avec lui, mais pas plus. Si vous le faites à chaque fois, vous lui donnez raison d’avoir peur.
    • Établir un rituel de réconfort, avant le coucher, sécurise votre enfant : un bain, suivi d’une histoire ou de jeux tranquilles, par exemple.
    • Installer une petite veilleuse, sans l’allumer systématiquement. Mieux vaut lui laisser le choix de l’utiliser ou non.
    • S’il se réveille la nuit, effrayé, mieux vaut aller tout de suite le réconforter, l’écouter sans l’interrompre, puis l’aider à différencier la réalité de son imagination.

    2- La peur des chiens

    La meilleure façon d’avoir de bonnes expériences avec les chiens est de savoir comment les approcher.

    • Habituer votre enfant à vous demander la permission avant d’aller voir un chien. Quand il sera plus grand, il pourra directement demander au propriétaire.
    • Lui expliquer comment l’approcher « tu dois te placer sur le côté, sans regarder le chien dans les yeux. Tu dois le laisser te sentir la main. Après, tu pourras toucher le côté de son ventre. » Les chiens n’aiment pas que des inconnus les approchent de face, les regardent dans les yeux et mettent la main au dessus de leur tête, car c’est un signe de domination.
    • Si votre enfant a peur des chiens, respecter son rythme et l’encourager graduellement à s’approcher d’un chien en votre présence. Si nécessaire, le prendre dans vos bras.

    3- La peur des médecins, des vaccins et des piqûres

    Si votre enfant sait la façon dont la rencontre va se passer, il se sentira plus en contrôle et il sera plus facile pour lui d’affronter sa peur. Voici comment faire :

    • Lui expliquer avant, en termes positifs, ce que l’infirmière ou le médecin va faire.
    • Broder autour de la vérité. Dire par exemple : « C’est un peu désagréable, mais ça ne fait pas très mal. Ça va piquer comme un petit moustique. »
    • Utiliser un langage imagé ou son vocabulaire. Par exemple, pour une prise de sang : « Tu vas voir, quand on va mettre le garrot, ça va faire gonfler tes muscles et tu vas être le plus fort. »
    • Vous citer en exemple, ou mentionner la grande expérience du médecin : « Tous les jours, cette dame soigne des petits enfants comme toi. C’est tellement simple pour elle qu’ils repartent souvent en souriant. »

    4- La peur des clowns et du Père Noël!

    Ne prenez jamais les choses à la légère en croyant le contraindre à surmonter ses craintes. Dire à un enfant : « Ne sois pas ridicule! Ce n’est qu’un clown! » ne lui sera pas d’un grand secours, au contraire. Pour bien des enfants, c’est impressionnant!

    Sa peur est très réelle, même si vous ne savez pas vraiment ce qui l’effraie ou même si vous pensez que ça ne devrait pas lui faire peur.
    • Éviter de mettre votre enfant apeuré dans les bras d’un Père Noël ou d’un clown, même le temps d’une photo.
    • Laisser le Père Noël ou le clown apprivoiser la peur de votre enfant. Ils éviteront, par exemple, leur retentissant « Ho ! Ho ! Ho! », ou feront un sourire en agitant doucement leurs grelots. Parfois, cela suffira.
    • Faire confiance à l’effet d’entraînement des autres enfants. Voir une grande soeur ou un ami s’avancer sans crainte vers le Père Noël (ou un clown) incitera peut-être votre enfant à surmonter sa peur.

    5- La peur des insectes

    Ici encore, le meilleur traitement consiste à exposer votre tout-petit à son « ennemi » de manière graduelle. Il s’habituera ainsi à sa présence, ce qui permettra à l’anxié de diminuer, puis de disparaître. Cette méthode, qui vaut tout autant pour les adultes, se fait généralement en plusieurs étapes :

    Si vous vous montrez inquiète quand votre enfant s’affole, il se peut que vous renforciez involontairement ses peurs, lui donnant l’impression qu’il y a vraiment de quoi s’inquiéter.
    • Intéresser votre enfant au monde des insectes. L’été, observer une colonie de fourmis transportant de la nourriture, une araignée tissant sa toile, ou encore des abeilles organisant leur ruche (par exemple, àl’Insectarium de Montréal).
    • Se familiariser avec l’insecte redouté, en commençant à se documenter sur lui. Vous pouvez regarder, avec votre enfant, des livres sur les insectes, avec des images ou des photos et lui expliquer son mode de vie.
    • Faire parler votre enfant sur le danger qu’il ressent face à l’insecte. Vous serez alors plus en mesure de le comprendre et de lui donner l’information appropriée, afin de démystifier le danger.
    • Organiser, si possible, un face-à-face avec l’insecte : d’abord en l’observant de loin, dans son environnement naturel, puis en le capturant. Placez-le dans une boîte en plastique transparente, aérée, afin qu’il puisse le contempler calmement. Libérez-le une fois que votre enfant s’y est habitué.
    • Idéalement, votre enfant doit faire cette expérience avec une personne calme et à l’aise avec les insectes.
    La surprotection, pas une solution
    Par souci de bien faire, vous devenez parfois le « bon compagnon des peurs » de votre enfant. En commandant son repas à sa place sous prétexte qu’il est timide, vous l’accompagnez dans sa peur au lieu de lui donner les moyens de la surmonter. En le surprotégeant ainsi, vous lui envoyez le message que le danger est bien réel et qu’il ne peut se défendre sans vous. La surprotection, c’est l’amie des peurs. Mieux vaut s’entendre avec votre enfant sur des solutions, à l’avance, puis lui faire confiance. Vous hésitez sur la solution? Pour vous aider à savoir si une idée est bonne ou pas, il faut simplement vous demander si elle va dans le sens de l’autonomie de votre enfant et si elle est compatible avec la vie d’adulte.

    Quand consulter


    Consultez le médecin de votre enfant si ses peurs commencent à nuire à ses activités quotidiennes ou s’il semble la plupart du temps anxieux.Si votre enfant a toujours la même peur et demeure inconsolable à la seule pensée de cette peur, il a peut-être une phobie et devrait voir un médecin. Les phobies dépassent les peurs normales et surmontables; elles empêchent l’enfant de poursuivre sa routine quotidienne. Les tout-petits peuvent en développer s’ils ont vécu un événement traumatique, comme un étouffement ou une quasi-noyade. Si vous ou votre partenaire avez des antécédents familiaux de phobie, votre enfant pourrait être plus susceptible d’en avoir une. Assurez-vous de parler au médecin de la santé affective de votre famille.


    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :